COMMUNIQUÉ

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Blocs d’énergie au Québec : le gouvernement favorise-t-il le développement industriel au détriment de la décarbonation de l’économie québécoise ?

Montréal, le 3 avril 2024 – Des organisations de la société civile dénoncent l’octroi par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, de nouveaux blocs d’énergie à des projets industriels. Les organisations qualifient la nouvelle annonce d’une distribution de blocs d’énergie, que nous n’avons pas, de cavalière et irresponsable.

« Le ministre crée une pénurie d’électricité qui pourrait compromettre la décarbonation du Québec et même la sécurité énergétique ». Les organisations rappellent qu’en décembre 2022, Hydro-Québec tirait déjà la sonnette d’alarme et prévoyait manquer d’électricité pour les 37 projets industriels qui étaient « engagés » et pour lesquels 1700 MW seront nécessaires. En 2023, le ministre Fitzgibbon aggravait encore la situation en octroyant un bloc d’énergie supplémentaire de 1000 MW.

Pour lutter contre les changements climatiques, nous devons électrifier les transports, les bâtiments et les industries afin de remplacer les énergies fossiles comme le gaz et le pétrole. C’est un défi immense. Cette transition de notre économie ne pourra pas s’effectuer de façon à assurer un approvisionnement pour la population québécoise si le gouvernement ajoute continuellement des projets industriels énergivores qui monopolisent la nouvelle production d’énergie renouvelable.

« De plus, cette pénurie, provoquée artificiellement, est volontairement utilisée pour créer un sentiment d’insécurité et justifier le projet de loi qui sera déposé prochainement et qui compromettra le leadership d’Hydro-Québec et le caractère public de l’électricité, notamment en légalisant la vente d’électricité entre les entreprises privées » commentent les organisations. Les organisations rappellent que depuis l’adoption du projet de loi 2 qui lui confère le pouvoir d’accepter les projets pour lesquels Hydro-Québec devra fournir de l’électricité, le ministre martèle sans cesse que le Québec a reçu plus de 150 demandes pour 30 000 MW et qu’Hydro-Québec est incapable de répondre à la demande, malgré son plan d’action pharaonique qui prévoit doubler la production d’électricité dans les 26 prochaines années. Plutôt que de corriger le tir en vendant l’électricité à sa juste valeur aux industries, le ministre enchaîne plutôt en invitant le secteur privé à combler la demande en s’accaparant les ressources ainsi que les redevances de la vente d’électricité qui en découlent.

Les groupes rappellent que la demande soudaine en électricité rapportée par le ministre n’est pas liée qu’à un attrait pour une électricité perçue comme propre. Elle est également due à des décisions politiques telles que le maintien de tarifs industriels parmi les plus bas au monde, des réductions supplémentaires de 20 % offertes par Investissement Québec dans le cadre du Programme d’aide financière à l’investissement (PAFI) et des efforts actifs pour attirer de nouveaux investissements.

Sachant que les tarifs auxquels est accordée cette électricité, que nous n’avons pas, sont bien inférieurs à ce qu’il nous en coûtera pour la produire, ce sont la population et les petites entreprises québécoises qui paieront la note. Sans compter que les impacts de la production énergétique ainsi engagée seront également fort importants.

Au final, octroyer ainsi des blocs d’énergie à des projets à la pièce, sans vision d’ensemble claire de ce qui doit être fait pour mener à terme la transition énergétique, aura des conséquences sociales et environnementales considérables.

Les organisations concluent en exhortant une fois de plus le gouvernement à adopter une attitude responsable et à faire preuve de transparence, de prévisibilité et de leadership en mettant en place un moratoire sur l’octroi d’électricité pour le développement industriel, le temps de se doter d’une politique énergétique et d’un plan intégré des ressources basés sur une consultation large et un débat démocratique. Cette politique et ce plan devraient être fondés sur une approche systémique incluant notamment les impacts environnementaux et sociaux, et permettraient enfin de reconnaître l’ampleur des enjeux auxquels nous faisons face et d’y proposer les solutions les plus adéquates et non pas uniquement  celles mises de l’avant par l’industrie.

Organisations signataires :

Jean-Pierre Finet – Analyste, regroupement des organismes environnementaux en énergie

Émilie Laurin-Dansereau – Association coopérative d’économie familiale du Nord de Montréal

Anne-Céline Guyon – Analyste Climat-Énergie, Nature Québec

Michel Girard – Vice-président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) 

Albert Lalonde – Chargé·e de projet, Fondation David Suzuki

André Bélanger, Directeur général, Fondation Rivières

Jean-Philippe Waaub, Collectif des scientifique sur les enjeux énergétiques

Bruno Detuncq, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

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Pour plus d’informations ou pour obtenir des entretiens avec les signataires du communiqué, veuillez contacter :

Mélanie Busby
Front commun pour la transition énergétique
melanie.busby@pourlatransitionenergetique.org
(514) 233-8941