Les visages de la transition : Carole Dupuis

Carole Dupuis

« Parce que c'est la job de personne, donc il faut bien que ceux dont ce n'est pas la job le fassent. »

Carole Dupuis est une citoyenne qui croit avant tout à la force du mouvement, c’est-à-dire à l’importance de s’organiser ensemble afin d’utiliser le potentiel de chacun·e. C’est d’ailleurs le rôle qu’elle a joué presque partout où elle s’est impliquée, par exemple comme coordonnatrice générale du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec, dans ses divers rôles au Front commun pour la transition énergétique et dans son rôle de porte-parole pour le Mouvement écocitoyen UNEplanète. Ce sont des postes où bien souvent elle a fait la liaison entre les différents acteurs et actrices du mouvement. Bien que Carole se soit toujours préoccupée des enjeux environnementaux et sociaux, elle n’a pas toujours été aussi engagée. C’est lorsqu’elle a déménagé à Saint-Antoine-de-Tilly, un village près de la ville de Québec, qu’elle a été confrontée à l’ampleur du problème. En 2014, elle y a découvert l’existence du projet de pipeline Énergie Est, ainsi que du transport de pétrole des sables bitumineux par navires sur le fleuve Saint-Laurent. Elle a bien vite compris qu’obtenir des informations concrètes sur ces projets et sur leurs impacts n’allait pas être évident. Elle s’est donc lancée dans la recherche et l’écriture d’une synthèse qui permettrait d’informer les élu·es municipaux et la population sur ces enjeux. 

Celle-ci a beaucoup circulé et c’est par la suite que Carole et sa sœur ont créé un groupe citoyen local afin de se battre contre les projets de transport du pétrole et d’extraction du gaz de schiste. C’est à ce moment que Carole a réalisé qu’il lui serait impossible de ne pas être militante. Elle a espoir de contribuer à améliorer les choses, mais surtout, elle veut que les jeunes sachent que sa génération s’est battue pour eux, qu’ils ne sont pas seul·es, elle espère ainsi leur donner des éléments de résilience.

L’union fait la force

Carole se décrit avant tout comme une stratège, ce qui pour elle consiste à cibler les enjeux prioritaires et les modes d’action les plus pertinents par rapport à ces enjeux,  et à s’unir aux bonnes personnes pour s’y attaquer. Elle considère que l’un des aspects fondamentaux de sa contribution à la transition socio-écologique est de rassembler les différentes organisations et personnes qui peuvent s’aider et de mettre en réseau leurs forces respectives. Elle souligne aussi l’importance pour chacun·e d’agir dans les zones où ils sont à l’aise. Pour Carole, cela consiste majoritairement à écrire des mémoires, des chroniques sur les enjeux actuels et des lettres ouvertes, dans le but d’apostropher les décideurs publics, mais aussi pour informer les militant·es. De plus, elle est reconnue pour sa capacité à structurer un projet et à aller chercher du financement. Elle considère cependant que chaque tactique militante est nécessaire, d’où l’importance de se diviser les tâches de manière réfléchie.

« Chaque contribution compte. »

Lorsque Carole parle de son engagement dans la transition socio-écologique, il n’y a aucun doute que c’est pour elle la seule option. C’est ce qui la fait se sentir vivante et connectée à ce qui l’entoure. Le travail qui se fait actuellement à l’échelle des Collectivités ZéN dans le but de construire un territoire plus autonome, plus résilient et plus respectueux des écosystèmes, quoi qu’il arrive, elle le voit comme essentiel. En d’autres mots, nous avons tout à gagner en mettant en place des habitudes et des structures plus humaines et plus solidaires. Carole croit fermement à l’importance que chaque personne peut avoir dans le mouvement et elle déplore que certain·es n’osent pas s’impliquer par peur de ne pas être à la hauteur : « Les gens ne semblent pas avoir confiance que leurs gestes vont porter […], alors que ce n’est pas vrai.  […] Contribuer autant que possible, même si on ne peut y mettre que peu de temps, ça vaut la peine. » Elle sait que le combat n’est pas gagné et qu’il reste encore énormément à faire, mais elle ressent au plus profond d’elle cette urgence d’agir pour le climat et la biodiversité.  Alors qu’elle a dépassé depuis longtemps l’âge de la retraite, Carole Dupuis n’a pas fini de se battre.