Les visages de la transition : Maude Prud’homme

Maude Prud’homme

« Je pense que si on ne s'engage pas dans une perspective féministe et anti-oppressive sur les enjeux écologistes, on a énormément à perdre. »

Maude Prud’homme est animée par les luttes sociales et écologiques depuis le milieu des  années 90. Elle s’est lancée dans ces combats en étant guidée par le sentiment de nécessité.  Elle sait qu’il n’y a pas vraiment d’autres options qu’une transformation à grande échelle étant donné l’ampleur des problématiques auxquelles nous sommes confronté.es. L’une des ambitions de Maude est de réussir à connecter les milieux féministes et écologistes, car elle sait que toutes les formes de domination prennent racine du même système oppressif et inégalitaire. 

Maude s’est tout d’abord impliquée dans les milieux militants anarchistes comme Food Not  Bombs, dans les milieux féministes queers comme les Panthères Roses et dans les médias alternatifs tels que le collectif de vidéastes Les Lucioles.

À cette époque de sa vie, elle s’intéressait particulièrement aux perspectives écologistes et féministes en lien avec la lutte à la pauvreté et c’est ce qui l’a amenée à tenter de conjuguer ces perspectives. En rejoignant le mouvement environnemental communautaire, Maude a toujours gardé comme objectif d’offrir une réflexion critique sur les problèmes de sexisme  au sein même du mouvement et de travailler à construire un milieu réellement inclusif pour toutes et tous. Elle soutient l’importance de cultiver une pensée intersectionnelle et décoloniale et de s’appliquer à créer et nourrir des alliances solidaires avec les Premiers peuples. 

« Je pense que les différentes échelles et modes d'action gagnent à être articulés en complémentarité les uns avec les autres. »

Maude a rejoint le Réseau Québécois des Groupes Écologistes (RQGE) en 2007 à titre d’agente d’écologie sociale. Ses responsabilités consistent  majoritairement à s’impliquer au Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ) dans une perspective d’inclusivité, de justice sociale et de solidarité avec les Premiers peuples, ainsi qu’à être déléguée à Projet Collectif, une infrastructure numérique qui cherche à soutenir les efforts des organisations pour la transition socio-écologique. Elle travaille également sur d’autres projets développés en partenariat avec différents groupes  environnementaux. 

À travers ses multiples engagements, Maude cherche avant tout à amplifier des voix sous  représentées et à faire résonner les idées audacieuses dans l’espoir de contribuer à générer  une masse critique qui se donnerait les moyens de sortir des systèmes oppressifs en place.  Elle souligne l’importance de conjuguer les forces des mouvements existants à travers la  mise en commun de leurs théories respectives et de leurs compétences spécifiques, et ce malgré les défis réels que ces rencontres exigent.

« Travailler sur ce qui est à notre portée, et travailler à élargir notre portée »

Pour Maude, il est temps de faire autrement. Elle considère que plusieurs points de rupture écologiques et sociaux ont été atteints et que de continuer dans un mode de vie basé sur l’extractivisme ne peut qu’entraîner des conséquences désastreuses sur les communautés et sur toutes les formes de vie. Elle rappelle que l’audace se cultive mieux collectivement  et qu’il est temps de « se donner [une] ambition à la hauteur de la situation ». De plus, pour construire un avenir réellement solidaire, elle souligne que la transition socio-écologique se doit d’être inclusive et ouverte aux remises en question, aux deuils et aux recompositions. Le mouvement de transition devra faire face à beaucoup d’inattendus, mais elle a espoir en la capacité de transformation de ce dernier. Maude milite depuis plus de 25 ans et elle sait que plusieurs luttes se créent en réaction à une injustice ou contre un projet aux potentiels impacts  négatifs sur les communautés, mais elle aime mettre en lumière l’importance de construire  des mouvements qui luttent pour quelque chose. Elle souhaite que les collectivités se donnent  le temps et l’espace pour définir ce pour quoi elles se battent, et ce tout en tricotant avec soin les relations et les savoirs nécessaires pour y parvenir dans une temporalité la plus porteuse et solidaire possible.