Les visages de la transition : Shaen Johnston

Shaen Johnston

« Les faits sont froids. La touche humaine fait la différence.»

Activiste de tous les jours et enseignante retraitée, amoureuse de la nature et écologiste flamboyante, Shaen clame que nos liens humains sont essentiels pour vaincre la crise climatique actuelle. Elle croit aussi en l’importance de nourrir notre vie intérieure avec soin pour être capable de faire face aux grandes batailles qui doivent être menées. «Jusqu’à la fin de nos vies nous devrons nous battre pour revendiquer la justice écologique, sociale et économique et c’est un défi immense! Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons y arriver. » dit Shaen. Pour être capable de faire face à ces grands combats, elle puise son énergie dans différentes pratiques créatives telles que la musique, la danse et la poésie. 

Un véritable coup de foudre

Elle a grandi à la campagne où elle a appris la science et l’art de la nature mais c’est au cégep, alors qu’elle étudie la philosophie, qu’elle a un véritable coup de foudre dans un cours complémentaire en écologie. Elle prendra alors un virage en s’inscrivant au B.Sc. Écologie à McGill tout en s’impliquant dans des groupes écologistes. Elle décrochera ensuite un diplôme d’enseignante en lettres et sciences.

« Les faits ne suffisent pas. Il faut un lien affectif. »

Dans sa carrière d’enseignante, Shaen s’est consacrée à ce que ses élèves développent une relation avec la nature. Pour ce faire, elle a utilisé plusieurs techniques : « Des bestioles dans la classe, des cours dans la nature, une session par année dédiée à l’écologie. Au-delà de la matière académique et des informations autour de la nature, l’important c’est de développer une relation avec elle. L’aimer. Les faits ne suffisent pas. Il faut un lien affectif. » dit-elle.

Sa classe de 3e année a mis sur pied un système de recyclage et de compostage à l’école Hemmingford. Shaen a aussi créé une salle de classe extérieure avec des buissons à fleurs attirant des pollinisateurs et des mangeoires d’oiseaux faites de de matériaux recyclés, fabriquées et mises en place par les élèves. Elle a aussi participé au programme Riverwatch, un programme LFSF (Learning for a Sustainable Future), avec un de ses groupe.

« Une approche multi-flèches »

De retour à Montréal en 2009, dans Pointe-Saint-Charles, Shaen se retrouve dans un milieu très activiste. Elle s’implique alors dans le C.A. de la Clinique Pointe-Saint-Charles, une institution bien ancrée dans son milieu. Elle s’engage aussi auprès de Coalition Climat Montréal où elle passera beaucoup de temps à participer et assister à des panels, des conférences de presse et des manifestations pour sensibiliser les gens aux enjeux climatiques. On la remarquera lors de ses nombreux passages à l’Hôtel de Ville de Montréal pour revendiquer des causes et mettre de la pression  pour prendre en compte les enjeux écologiques et sociaux, notamment dans le dossier du projet du REM et le groupe Trainsparence. « Cette implication auprès des trois paliers de gouvernement a été une occasion formidable d’apprendre auprès d’expert·es très qualifié·s, de me former une opinion plus raffinée et de nous faire entendre! »  raconte-t-elle. 

En 2022, Shaen intègre le C.A de Imagine Lachine Est. Toujours animée par le désir de préserver notre belle planète et de la protéger des assauts des personnes assoiffées de pouvoir et d’argent, Shaen s’engage dans cette nouvelle aventure avec la conviction qu’il faut une riposte de toute la population pour demander un réel changement de paradigme. « Ça m’a pris du temps pour réaliser que les injustices sociales, économiques et environnementales sont causées par notre système politique qui est mené par le capitalisme. Il faut une approche multi-flèches pour le combattre: l’éducation, la présence au niveau politique dont l’Hôtel de ville de Lachine, l’établissement d’un dialogue entre les acteurs communautaires, la recherche, les échanges pour donner une voix au peuple. Un espoir. Le FCTÉ offre ça! Ce programme nous aidera à nous structurer, à partager nos expériences et à développer une démarche qui nous servira en permanence. »

Sa vision de la transition socio-écologique

« Comment je vois la transition socio-écologique? La seule façon de s’en sortir, c’est le renversement total du système global capitaliste qui détruit la nature et qui est en train de rendre esclave la majorité des êtres vivants. C’est ce qu’il faut pour qu’on respecte et protège enfin la Terre, les autres passagers non-humains ainsi que tous les humains. »

Pour ce faire, elle continue de s’informer, de suivre des formations et de profiter de chaque occasion qui se présente (un arrêt d’autobus, une ligne d’attente à l’épicerie) pour partager avec les gens autour d’elle. Son objectif est de rejoindre autant de personnes que possible. « Il faut créer des liens permanents avec tous les groupes. Un lien humain est essentiel. Il ne suffit pas de présenter les faits. Les faits sont froids. La touche humaine fait la différence. Il faut devenir confrères et consoeurs.»